La crise économique et énergétique des années 1970, bien qu’elle diverge en de nombreux points avec celle que nous vivons à l’heure actuelle, connait certaines similitudes que nous ne pouvons ignorer.
Les dynamiques de dépendances aux énergies fossiles sont les mêmes ; seul leur type change. Alors que les pays industrialisés étaient à l’époque soumis au pétrole, c’est aujourd’hui le gaz qui tient un rôle prépondérant et influe directement sur les marchés. En effet, notre consommation a doublé ces trente dernières années.
Aussi, le monde connaît à nouveau un contexte de guerre avec un acteur ayant le contrôle quasi exclusif d’une marchandise sur laquelle tous ont basé leur économie. Pourquoi faut-il toujours que les monopoles de cette catégorie de ressources appartiennent à des Etats dont la stabilité de gouvernance et le respect des droits de l’Homme sont discutables ?
Les ingrédients d’un cocktail un peu trop fort
Afin de recontextualiser pour celleux qui dormaient au fond de la classe, la guerre du Kippour a lieu en octobre 1973. A la fin de ce conflit, les pays de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole), comprenant leur avantage à détenir le monopole du pétrole dans cette région du monde, décident d’augmenter unilatéralement les prix, tout en diminuant la quantité produite. Pas très sympa. Cette diminution se corrèle à un embargo total qui durera plusieurs mois des exportations destinées aux Etats-Unis, alliés d’Israël. L’on observe alors une augmentation du prix du baril de l’ordre de 112% en décembre de la même année. Aujourd’hui c’est un gazoduc qui n’en finit pas d’être en maintenance et des explosions sous-marines très bizarres qui endommagent le réseau et coupent le robinet vers l’Europe. Quelle malchance, vraiment.
L’inflation est fortement présente dès la fin des années 1960, et induit également en 1971 la fin de la convertibilité du dollar en or. Un nouveau taux de change, flottant, perturbe l’ancien équilibre. Remettez-moi un peu d’incertitudes financières s’il vous plaît.
L’inflation, c’est cette vieille connaissance un peu collante qui vient se rappeler à notre bon souvenir. Rassurez-vous, elle ne nous avait pas vraiment quitté depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Elle n’avait cependant jamais entrainé de véritable problème tant qu’elle se corrélait avec une hausse des salaires et une croissance de préado sous protéines. Ce qui change la donne au début des années 1970, c’est la stagflation : le phénomène d’une inflation couplée à une stagnation de la croissance. Sans croissance, la machine s’emballe et déraille. Elle annonce la fin d’un modèle de prospérité ; la prospérité en question étant basée sur la notion de richesse liée au déchets que l’on produit. Une société du tout jetable comme gage de développement. Les boomers, décidément vous n’en ratez pas une.
Les chocs pétrolier de 1973, puis 1979 font s’envoler le prix des matières premières, puis les prix tout court. Notre flambée à nous vient, entre autres, de la reprise économique post Covid, puis de la guerre.
Malheureusement, malgré une baisse du prix du baril dans les années 1980, la crise persiste et confirme la fin du modèle économique précédemment décrit. En espérant qu’aujourd’hui le contexte ne soit pas le même sur le long terme. Pour rappel, aux trente Glorieuses se succèdent les vingt Piteuses. Ambiance.
« On n’a pas de pétrole mais on a des idées »
En France, dès 1973, des mesures sont prises pour inciter à pratiquer des économies d’énergie : limitation de vitesse sur les routes, diminution du trafic aérien, interdiction d’éclairer les vitrines, arrêt des programmes télévisés après 23h. La bamboche c’était déjà terminé.
Les mesures ne sont pas forcément tout à fait respectées, bien que l’opinion populaire prenne conscience de la nécessité d’un changement de paradigme.
En France toujours, en 1974, neuf mois après le premier choc pétrolier, la notion d’écologie fait son apparition dans le débat public. D’ailleurs, la même année, on assiste au premier candidat à se présenter sous étiquette écologiste aux présidentielles. Le score est plutôt anecdotique, mais la graine est semée.
En 1979, on invente la figure de Gaspi avec la fameuse « la chasse au Gaspi », modélisé sous la forme d’une merveilleuse petite créature qui ressemble à un vieux foie qui aurait muté sur un lapin sans poil ; et qui n’a rien à envier à nos nouvelles mascottes des JO 2024. Aujourd’hui ce sont les sobres écogestes qui nous encouragent à adapter nos pratiques.
Si tout est pareil, il suffit d'attendre la fin et voir comment on s'en sort
La réponse économique de la France au choc pétrolier de 1973 sera de miser sur le tout nucléaire. Dès 1974, un plan de mise en chantier de quarante-cinq centrales nucléaires sera activé. Cela permettra au pays de proposer des prix de l’électricité très attractifs et ainsi atteindre ses objectifs de croissance.
C’est paradoxalement cette exception française du nucléaire qui contribue aujourd’hui à notre situation de crise. Le contexte n’est plus le même et ce qui nous épargnait hier rajoute une difficulté aujourd’hui. En effet, le parc est vieillissant et majoritairement à l’arrêt pour cause de maintenance.
L’investissement dans le renouvelable est donc plus que jamais nécessaire, voire indispensable, pour élargir les sources d’énergie disponibles et ne plus dépendre d’un seul moyen de production.
Pour en savoir plus sur la crise actuelle et ses causes, c’est par ici.