Les medias en parlent de plus en plus, vous avez certainement dû le ressentir au niveau de vos factures (ou alors ça ne va pas tarder…) Vous payez le prix fort de vos consommations d’énergie. Pourquoi cette augmentation qui peut paraître brutale, alors que le France a le premier parc nucléaire d’Europe, et proposait jusqu’à encore récemment, une énergie moins chère que ses voisins ?
A quand remonte la crise de l’énergie ?
Dès le second trimestre de 2021, les marchés ont constaté une tendance à la hausse du prix de l’électricité. La reprise économique post Covid (oui toujours lui) a nécessité beaucoup de moyens.
Alors que pendant des mois tous les centres de production étaient soit à l’arrêt, soit au ralenti, la reprise a forcé tous ses acteurs à turbiner rapidement et à grand renfort d’électricité. Alors que son carnet de commandes recommençait à se remplir, il a fallu permettre à l’Asie notamment, de pouvoir assurer concrètement le redémarrage de toutes ses lignes de production. Le dérèglement vient donc en partie du fait que la demande était bien supérieure aux capacités de production, entrainant logiquement, un déséquilibre.
Quel est le rapport avec la situation en France, en Europe ?
Oui, l’Asie c’est loin, alors pourquoi a-t-on ressenti cette hausse jusque sur nos marchés à nous ? D’une part, si toute la production est utilisée par une seule région, le reste du monde n’a plus la même abondance de ressources. En deux mots, cela vient du fait que l’électricité est une énergie dite secondaire, c’est-à-dire qu’il faut la « fabriquer » avec une source primaire, charbon, gaz, nucléaire, solaire, etc. Si toutes les énergies primaires qui peuvent être importées le sont par la même zone géographique, il ne reste plus grand-chose pour les autres. Un peu comme quand la personne qui dort avec vous prend toute la couette, c’est toujours moins évident pour se réchauffer. C’est par ailleurs souvent une corrélation de plusieurs facteurs qui, pris indépendamment n’ont pas vraiment d’effet, mais qui lorsqu’ils s’additionnent, trouble le cours
normal des échanges.
D’ailleurs comment fonctionne le marché de l’énergie et depuis quand existe-t-il ?
Depuis 1996, le marché européende l’électricité s’est progressivement libéralisé. Parallèlement en France on connait depuis 2007 une ouverture totale à la concurrence avec la fin du monopole d’EDF.
Le marché Européen commun a pour première vocation d’assurer une meilleure interconnexion physique des réseaux nationaux. Ce maillage permet d’éviter par exemple les délestages, ou encore de pouvoir vendre son éventuel surplus de production en direct à ses voisins, étant donné qu’on ne peut pas stocker l’électricité. Sur ce marché, le prix de l’électricité est couplé à celui du gaz, c’est-à-dire que les prix de l’électricité dépendent de ceux du gaz. La raison ? La tarification, de plus en plus critiquée au sein des 27, correspond au coût marginal de la dernière capacité de production appelée. Ainsi, pour connaitre son prix de marché, on regarde à quelle centrale on a fait appel en dernier. Or, en Europe le gaz est bien souvent l’énergie primaire appelée en dernier pour faire face à un besoin exceptionnel et est de plus, l’une des plus chères pour produire de l’électricité. C’est donc son tarif qui dicte l’évolution des prix de l’électricité sur le marché Européen.
Face à la crise qui continue de s’accentuer, des projets sont à l’étude pour changer ce mécanisme, que certains qualifient d’archaïque, et d’autres simplement de complètement absurde. L’idée
serait donc potentiellement de découpler les deux marchés, ou du moins repenser leur méthode de fonctionnement.
La reprise économique j’ai compris, mais maintenant c’est passé, et la crise est toujours là,
pourquoi ?
La reprise économie post Covid c’est une chose, mais la guerre en Ukraine a contribué à son tour à enfoncer l’Europe dans la crise énergétique actuelle. Il ne vous aura pas échappé qu’en février 2022, Poutine a décidé d’aller faire la guerre, au grand dam d’à peu près tout le monde. Aussi, alors que des tensions autour du gaz étaient déjà palpables, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fini de couper le robinet, ou presque. A cela s’ajoute, toujours à cause du Covid décidément, un retard dans les opérations de maintenance des centrales nucléaires. Résultat ? 32 des 56 réacteurs sont actuellement à l’arrêt. Vous en voulez encore ? Avec un été très chaud, certaines centrales n’ont pas pu tourner normalement à cause de la chaleur des cours d’eaux à proximité. A chaque période son lot de réjouissances donc.
Sauf que les consommateurs commencent à vraiment trouver la situation problématique, à juste titre, et les fournisseurs alternatifs sont pris en étau entre la volonté de vendre une électricité accessible et la réalité des prix ahurissants constatés sur les marchés.
L’Union Européenne réfléchit de plus en plus sérieusement à un nouveau système, devant les limites actuelles du nôtre.
Quand est-ce qu’on va pouvoir espérer une accalmie ?
Si l’on se base sur toutes lescrises économiques que le Monde et l’Europe ont pu subir, tout cela finira bien par se tasser et rentrer dans l’ordre. Quant au délai de ce rétablissement, rien n’est à envisager à court terme malheureusement.