La sobriété (énergétique) est une expression indéniablement à la mode. D’aucuns pourraient même y trouver là un de ces termes bateau et un peu vide de sens qui viserait surtout à culpabiliser le consommateur tout en dédouanant les politiques publiques, souvent trop timides sur le sujet. A quelques détails près.
Force est de constater que la crise de l’énergie débutée en 2021 a évolué et est toujours présente dans notre quotidien. Dès lors, la nécessité de fixer un nouveau cadre et de lui offrir l’opportunité d’être adopté comme mode de vie, individuel et collectif, semble inéluctable.
Repenser le concept de sobriété
En plus d’une véritable nécessité, ne serait-ce que d’un point de vue économique ou environnemental, la sobriété doit s’envisager comme une opportunité pour les pays du Nord : mettre en place un nouveau paradigme pour s’opposer à la surconsommation actuelle et inviter aux efforts collectifs.
Il faut inverser la tendance quiconsisterait à penser la sobriété uniquement comme la privation de droits individuels, et la considérer davantage comme une réflexion sur l’empreinte et les conséquences de nos négligences, et ainsi développer une nouvelle approche plus pertinente de notre habitus de consommation.
Afin de chercher du sens au-delàde la tendance, il est nécessaire d’interroger l’ensemble des usages, dans l’intégralité des échelles applicables. Cette réflexion peut s’appréhender autour de trois points complémentaires :
- La sobriété énergétique, puisquec’est le sujet. Elle doit s’envisager comme une réponse durable et sensée. Le modèle jusqu’ici exploité rencontre désormais ses limites. Ce n’est pas faute d’avoir accumulé les messages d’alerte au fil des années : réchauffement climatique, modèles économiques aberrants du jetable à outrance, création artificielle de besoins inutiles… Tous ces éléments doivent être mis en perspective pour aborder demain dès aujourd’hui, sous un prisme sain et raisonné.
- L’efficacité énergétique, parcequ’adapter ses pratiques ne signifie pas pour autant l’arrêt de tout progrès technique. L’évolution des technologies et leur recherche d’efficience doit servir à répondre à nos besoins, à moindre coût écologique.
- Les énergies renouvelables, pour développer tout ce modèle, sans entraver les ressources naturelles limitées de la planète et tirer le meilleur de ce qui se recrée ou ne disparait pas.
Concrètement, comment définir les sobriétés énergétiques ?
Pour parfaire l’explication de toutce que peut représenter la notion de sobriété, celle-ci se décline en quatre niveaux :
- La sobriété structurelle : la plus importante, puisque c’est elle qui pense l’organisation collective de nos modes de vie. C’est par exemple ce qui va déterminer la manière de construire un lieu pour le rendre accessible au plus grand nombre au moindre coût écologique, comme la construction d’une piste cyclable pour inciter les usagers à enfourcher leur vélo.
- La sobriété dimensionnelle : c’est celle qui nous invite à penser nos besoins dans notre environnement, en fonction de nos pratiques, et de les ajuster au mieux. Ce SUV est-il vraiment pertinent dans le centre-ville de Montpellier ? Je ne juge pas, je questionne.
- La sobriété d’usage : c’est la plus pragmatique, celle des ‘‘petits’’ gestes qui nous encouragent à améliorer nos usages. Limiter sa vitesse en passant de 130 à 110 km/h ne constitue un écart de temps que de 8 minutes, tout ça pour aller visiter votre belle-famille. Ça vaut le coup de relâcher la pédale…
- La sobriété coopérative (ou conviviale) : c’est celle qui invite à la mutualisation, à l’échange et à la mise en relation des biens. S’inscrire dans un atelier partagé de bricolage plutôt que de passer une matinée entière à hésiter entre une ponceuse à bande et une ponceuse triangle, surtout si c’est pour dans huit mois oublier où on l’a entreposé parce que le bricolage, décidément, c’est pas notre truc.
Les chantiers sont immenses mais rien ne se concrétisera sans la volonté d’agir pour soi et pour le bien commun. Et si cette crise avait pour conséquence indirecte de nous mettre le pied à l’étrier pour commencer le projet dès maintenant ? Qu’allez-vous faire pour la planète et pour vous aujourd’hui ?