La production et la distribution d'électricité sont des enjeux majeurs en France et en Europe, dans un monde qui tend à toujours plus s'électrifier.
Dans ce contexte d'évolution rapide, des chantiers ont été mis en place dès le début des années 2000, afin d'améliorer la gestion et les réseaux électriques.
Parmi les sujets étudiés, celui d’une nouvelle génération de compteurs communicants, capables de réduire les pertes d’énergie auparavant inéluctables.
En France sous l’impulsion d’une directive européenne, Enedis - le gestionnaire du réseau moyenne tension, a développé et déployé sa version de ces nouveaux compteurs : le Linky.
Pourquoi avoir mis en place le compteur Linky en France ?
Plus précis dans les données mesurées, plus simple à opérer à distance, plus facile à gérer de manière générale : les avantages du Linky sont nombreux, notamment dans la simplification de la collecte des flux.
Le second atout de ce compteur dit intelligent, est de réduire les pertes d’électricité évitables, appelées Pertes Non Techniques (PNT), qui coûtent en production mais qui sont également problématiques pour l’équilibrage du réseau. Ces ‘‘fuites’’ résultent par exemple d'une gestion approximative dans le processus client (mise en service ou fin de contrat par exemple), mais également de dysfonctionnements d’équipements ou encore de la fraude.
En effet, avec l’ancienne génération de compteurs, il n’était pas rare que même inoccupé, un logement consomme et gâche de l’électricité suite à une négligence (laisser les radiateurs allumés par exemple). De la même manière, un compteur pouvait dysfonctionner pendant une longue période avant que l’on prenne conscience du problème.
Ces Pertes Non Techniques (PNT) représentent chaque année 12 TWh de perdus, soit l’équivalent de 15 milliards d’euros. Un gouffre à bien des égards.
Pour pallier une partie de ces pertes, Enedis traite chaque année quelque 30 000 dossiers et réussi à récupérer l’équivalent de 1,5 TWh.
Le compteur Linky résout-il tous les problèmes liés aux pertes d’électricité non techniques ?
Depuis le déploiement du Linky, les pertes liées au processus client ont sensiblement diminué, puisque les compteurs sont désormais limités en puissance entre deux contrats. Il en va de même pour les dysfonctionnement au niveau du comptage, puisque les variations trop brutales engendrent des vérifications plus systématiques.
Néanmoins, une nouvelle génération de fraudes tend à faire augmenter ces chiffres. En 2023, on estime à 275 millions les pertes liées à ces délits.
Malheureusement l’augmentation des fraudes dépassent désormais les récupérations traitées par Enedis. Pour lutter contre ces délits, le gestionnaire de réseau met en place des algorithmes, capables de déceler les anomalies avec une efficacité accrue.
En 2023, 150 000 PDL suspects ont dès lors été repérés, pour une consommation égale à 0,75 TWh. Chaque mois, 6000 nouveau cas sont découverts. Il s’agit donc d’un sujet préoccupant.
Quels sont les risques encourus pour une fraude de compteur ?
Des annonces alléchantes sur les réseaux sociaux notamment, promettent des baisses de factures pouvant aller jusqu’à 75%, grâce à une manipulation prétendument simple.
Enedis met en garde contre ce nouveau fléau en plein essor, qui peut entraîner des conséquences dramatiques pour l’utilisateur final.
Les arguments des personnes mal intentionnées proposant ce ‘‘service’’ oublient souvent de mentionner le fait que c’est totalement illégal et peut avoir des conséquences dramatiques pour le consommateur.
Le gestionnaire de réseau Enedis rappelle qu'un compteur électrique est sa propriété exclusive, et qu’il est le seul à pouvoir apporter quelque modification sur l'appareil. Le consommateur final est également dans l'obligation de laisser accès à ce compteur à Enedis.
Les fraudes sur les Linky ont plusieurs conséquences, des logements où elles sont constatées, jusqu’au réseau électrique global. Pour le réseau tout d’abord, si la consommation ne coïncide plus à la production, cela peut entrainer au mieux des surcoûts, parce qu’il devient nécessaire de faire appel à des centrales fossiles qui coûtent plus cher à allumer ; ou au pire à des blackouts.
A l’échelle individuelle, les fraudes peuvent entrainer des incendies, puisque les malfaiteurs intervenant sur le compteur créent une sorte de court-circuit pour que le comptage de l’électricité consommée ne soit pas effectif. En plus des potentiels dégâts humains, il faut savoir que les assurances ne remboursent pas les dommages subis suite à des atteintes malveillantes au matériel. L’économie initiale ne semble plus complètement valoir le coup si votre maison et tout ce qu’elle contient partent en fumée !
D’un point de vue pénal enfin, les peines encourues pour les fraudeurs sont très lourdes : jusqu’à un million d’euros d’amende et 10 ans de prison. Même si ces peines non pas encore été prononcées, des amendes allant jusqu’à 10 000 euros et des peines de prison avec sursis ont-elles déjà bien eu lieu. De quoi réfléchir à deux fois et ne pas tomber dans le panneau de promesses trop juteuses.