La France a le projet d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet objectif a même été inscrit dans la loi Energie et Climat de 2019. Les efforts commencent à payer, mais les ambitions sont telles que le rythme doit s’accélérer. Cela passe notamment par l’abandon obligatoire à terme des énergies fossiles pour produire de l’énergie. Les moyens de production doivent évoluer vers le renouvelable et le décarboné. Un autre défi se dessine alors : celui de la gestion des pics de consommation d’électricité liées à la chaleur et au froid sans avoir à faire appel à des centrales polluantes. Il s’agit de sécuriser l’approvisionnement en électricité à l’échelle du pays, car en changeant les types de centrales, la consommation doit s’adapter à un nouveau paradigme énergétique.
Et comme on est plus forts lorsqu’on est à plusieurs, c’est au niveau de l’Europe que la flexibilité du réseau doit se construire et se fortifier, grâce aux interconnexions. La transition énergétique est un sujet qui se construit à toutes les échelles.
Les trois axes de la France pour une neutralité carbone d’ici 2050
Le chantier est d’envergure pour que la France puisse atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Trois axes principaux ont été décrits pour arriver à nos fins.
Celui de la production d’énergie tout d’abord, avec le développement des sources d’énergie décarbonés. Si la France est à la pointe au niveau du nucléaire, qui ne produit que 6 gr de CO2 par kWh (on ne parle pas ici du sujet de la gestion des déchets), le pays souhaite continuer à construire des centrales, plus petites, plus performantes et pilotables pour répondre aux besoins en électricité toujours croissants. Nous sommes néanmoins un peu à la traine au niveau des Energies Renouvelables (ENR) et les attentions doivent aussi se positionner pour accélérer leur implantation dans tous nos territoires.
En parallèle de cette tendance des énergies plus propres, c’est notre consommation qui doit être interrogée et optimisée. La performance et l’amélioration dans la construction et la rénovation des bâtiments, qui représente 44% de la consommation électrique en France, est indispensable. L’objectif sur le sujet est de diviser par 4 les émissions de CO2 dans le secteur d’ici 2050. Cela se traduit par la chasse aux passoires thermiques et la recherche de performance pour le neuf.
Enfin, le dernier axe s’appuie sur la flexibilité : dans le stockage (grâce aux batteries notamment), le pilotage et … l’interconnexion ! L’interconnexion c’est le fait de mutualiser les capacités de production pour éviter l’utilisation du fossile. Mieux vaut importer son électricité à un instant T lorsqu’un de nos voisins est excédentaire, plutôt que d’allumer une centrale au gaz.
Pourquoi le réseau électrique français est-il connecté à celui de ses voisins européens ?
C’est justement pour partager l’électricité et créer une flexibilité entre les pays que les premiers interconnexions ont vu le jour en Europe. Mises en place il y a 25 ans, le réseau interconnecté représente aujourd’hui 305 000 km de lignes, 400 interconnexions et 600 millions d’utilisateurs finaux.
Mais ce solde excédentaire français est une moyenne annuelle, dont la réalité au quotidien peut varier. En 2020, le pays a été importateur à 1% et les prévision pour 2050 sont de 5%. Cette augmentation s’expliquera par l’accroissement de l’usage des ENR, qui sont en général intermittentes (sauf pour l’hydraulique dans certains cas. On vous explique tout ici).
Quels pays sont actuellement interconnectés en Europe ?
La France est connectée directement à 6 de ses voisins. Attention on parle de l’Europe géographique et non pas politique. Nos voisins sont donc le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, la Suisse et l’Italie. Ces interconnexions permettent et vont permettre l’électrification accrue de chacun de ces pays pour répondre aux besoins de demain. L’abandon progressif des énergies fossiles et l’intensification des usages, notamment au niveau de la progression des parts de marché des voitures électriques et des pompes à chaleur, en remplacement des chaudières fossiles.
Pour répondre à ces nouveaux besoins, RTE, le gestionnaire du réseau haute tension en France va investir 2 milliards d’euros d’ici 2030 pour développer et consolider 10 interconnexions avec nos voisins, avec l'Espagne dans le golfe de Gascogne par exemple. L’objectif à terme est de tripler les capacités d’échange de la France. Pour se faire une idée, on a aujourd’hui 13 GW de puissance interconnecté et en 2050 le but est d’atteindre 39 GW. L’intérêt est énergétique, environnemental et économique bien sûr.
Les interconnexions en Europe sont donc un enjeu majeur dans la lutte contre les émissions carbones et un moyen performant de répondre à nos besoins énergétiques en tout flexibilité.
Pour en savoir plus sur le sujet : le site RTE.