La synthèse du 6ème rapport du GIEC vient d’être publiée, et désolée de plomber l’ambiance, mais les nouvelles ne sont pas bonnes. Ceci dit, à moins de vivre dans une grotte ou sur un yacht, vous êtes censés vous en douter.
Avant tout, qu'est-ce que le GIEC ?
Le GIEC (ou IPCC en anglais) est une organisation au sein des Nations Unies créée en 1988 à la demande du G7. C’est un groupe d’experts intergouvernemental qui étudie l’évolution du climat. On y compte les représentants des 195 pays siégeant à l’ONU. Ce groupe est lui-même divisé en trois pôles dont chacun aborde un aspect du changement climatique :
- Le premier groupe étudie l’aspect scientifique du changement climatique
- Le second se penche sur les conséquences de ce dérèglement climatique
- Le troisième enfin, aborde les solutions qui peuvent être mises en place pour atténuer l’impact du changement climatique
Le GIEC a déjà publié cinq rapports entre 1988 et 2014. Le dernier document en date, la synthèse du 6ème rapport, est parue le 20 mars 2023.
Que contient le 6ème rapport du GIEC ?
Le 6ème cycle a été ouvert en 2015 au cours duquel trois rapports spéciaux ainsi qu’un guide méthodologique ont été rédigés. Ce nouveau cycle s’est donc terminé par la publication du rapport d’évaluation AR6 en trois volumes (correspondant à l’analyse des trois groupes de travail du GIEC) publiés entre 2021 et 2022 et de la synthèse sortie le 20 mars dernier. C’est le premier document de ce type depuis 2014.
Ce texte est la synthèse des acquis scientifiques engrangés entre 2015 et 2021 pour prévenir, alerter, adapter et atténuer les effets du changement climatique. Bien que ce bilan ait sans doute été fait calmement, il n’en reste pas moins beaucoup plus alarmiste, et à raison, par rapport au 5ème rapport d’évaluation de 2014.
Les conclusions de ces recherches et de ces analyses sont édifiantes : la décennie 2011-2020 est la plus chaude depuis 125 000 ans. Dès lors, le changement climatique est indéniablement lié à l’activité humaine. La température a augmenté de 1,1°C sur la période 1850-1900, appelée ère préindustrielle. Le GIEC précise que la responsabilité de la hausse de cette température est imputable à l’homme pour 1,07°C.
Les prévisions d’ici 2035 annoncent d’ailleurs une augmentation moyenne d’1,50°C et ce, quels que soit les moyens employés pour réduire nos émissions de CO2.
Pour ne pas changer une équipe qui gagne, environ 40% des émissions de GES sont attribuables au 10% des foyers aux revenus les plus hauts. Je veux pas dire, mais c’est toujours les mêmes, hein Bernard ? Les plus vulnérables sont donc encore une fois les moins responsables de la situation que le monde est en train de subir. Le point cyniquement positif c’est que les pays les plus riches sont aussi ceux qui sont le plus en capacité d’agir pour changer le cours des choses.
La concentration de CO2 sur Terre est la plus élevée depuis 2 millions d’années. Bonne ambiance, merci les énergies fossiles et leur combustion.
A noter que les émissions de gaz à effet de serre, sont à la fois produites par le CO2 mais également par le méthane, notamment à cause de la déforestation.
Il est donc plus qu’urgent de se donner les moyens concrets de limiter l’impact du réchauffement climatique sur nos vies et celles du futur. Nos actions à court terme peuvent entraîner des conséquences pour les prochains siècles, en bien ou en mal. Aucune pression.
A quels risques sommes-nous confrontés à cause du réchauffement climatiques ?
Le changement climatique a déjà commencé à modifier l’accès à l’eau et à l’alimentation, la santé et l’activité économique un peu partout dans le monde. Des crises humanitaires ont déjà lieu en Asie. Les rendements agricoles en Afrique diminuent. C’est dans les villes que les effets du changement climatique peuvent être accentués. En effet, les fortes pluies entrainent des ruissellements importants et dévastateurs, et les résidents les plus marginalisés dans les zones urbaines sont les plus précaires pour s’adapter aux changements nécessaires.
A l’heure actuelle, plus d’1/3 de la population, soit 3,3 milliards, vit dans un contexte où ils sont hautement vulnérables au changement climatique, soit parce qu’il commence à faire vraiment trop chaud à la maison, soit parce qu’ils contractent des maladies en lien avec ces perturbations, soit encore parce qu’il n’y a plus rien à manger. Température extrêmes, intensités des précipitations, sévérité des sécheresses, fonte des glaces, etc. sont autant de facteurs qui menacent la survie des populations à plus ou moins court terme et de manière généralisée.
Les territoires subissant déjà des extrêmes climatiques sont plus sensibles aux oscillations : aussi les petites îles, l’hémisphère sud et l’Arctique par exemple sont les plus fragiles.
Est-il trop tard pour enrayer le réchauffement climatique ?
Le monde a besoin d’une réduction profonde, durable et rapide des émissions de gaz à effet de serre. Il faut agir vite car les moyens pour y arriver aujourd’hui seront peut-être déjà insuffisants demain.
Pour l’heure, les améliorations d’efficacité énergétique n’ont pas su compenser les activités déjà en cours utilisant les énergies fossiles.
Les actions et les engagements actuellement mis en œuvre sont insuffisants par rapport à l’augmentation des émissions de GES. Alors que de nombreux pays ont déclaré, voire promis d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (c’est-à-dire quasiment après-demain), peu dans les faits fournissent réellement des efforts factuels pour modifier structurellement leur fonctionnement économique, à l’origine de ces émissions. Sans l’entrée en vigueur d’un plan d’action fort, l’augmentation de température pourrait avoisiner les 3,2°C à l’horizon 2100. Après moi le déluge d’accord, mais alors apparemment on part plutôt sur un déluge de feu.
Que faire pour limiter les répercussions du changement climatique ?
Agir dès aujourd’hui cela veut dire, pendant la décennie 2020. Il va falloir ainsi réduire de moitié nos émissions de CO2 d’ici 2030 pour pouvoir espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Un changement de comportement de la part des individus, jusque dans l’évolution de nos modes de vie est indispensable. Mais l’individu ne fait pas tout : chaque niveau de la société doit agir pour la préservation du climat.
La seule solution, c’est d’intégrer de manière massive et systématique au développement durable, des politiques d’adaptation et de protection de la biodiversité, appelées par le GIEC développement résilient au changement climatique. Il faut faire en sorte que toutes les grandes décisions économiques et politiques soient pensées à travers le prisme de la transition écologique.
C’est uniquement si tous les secteurs polluants changent leurs pratiques que nous pourrons atteindre l’objectif du zéro émission mondiales nettes de CO2 pour 2050. Cela passe aussi par la baisse de la demande, à la fois en énergie et en matériaux.
Même si des transitions indispensables doivent être mises en œuvre plus que rapidement, l’adaptation et le changement de paradigme sera notre force pour pouvoir éviter la complète déconfiture de notre civilisation (j’aime égayer les cœurs que voulez-vous). Certaines solutions sont même déjà disponibles et ce à moindre coût, quelle aubaine. La reforestation, une alimentation plus végétale, le développement des énergies renouvelables et plus largement une sobriété globale sont applicables à toutes les échelles. D’autres solutions impliquent une responsabilité politique forte (oh boy), comme la suppression des subventions aux énergies fossiles. Il est nécessaire que les financements ne s’opèrent plus en faveur des énergies polluantes, mais qu’ils se démultiplient pour développer les énergies renouvelables, à hauteur d’au moins 3 à 6 fois plus qu’actuellement.
Le changement de paradigme économique peut jouer pour plus de la moitié des réductions des émissions de GES. A bas le capitalisme ! C’est pas moi qui le dis, mais des experts.
Quelle est la stratégie en France pour lutter contre le réchauffement climatique ?
En France, la stratégie nationale bas carbone a pour but d’atteindre la neutralité d’ici 2050. Depuis 2014, les émissions de GES ont baissé de 9,6%. On voit l’idée, mais le chemin est encore long. Pour ce concentrer sur ce qui doit être entrepris au niveau de ces différents secteurs, des programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE) ont été élaborées par le ministère de la transition écologique.
La PPE actuelle couvre la période 2019-2028 et souhaite accélérer les efforts alloués au développement des ENR, et surtout à la réduction des émissions de GES. Pour ce faire, les pistes sont multiples : la fin de la vente des véhicules thermiques d’ici 2040, la construction de bâtiments neufs performants, la prolongation le système des CEE, le développement de l’éolien en mer ou encore le soutien à la filière du biogaz. La réduction de la part du nucléaire à 50% (contre 71% aujourd’hui) vient néanmoins d’être supprimé par le projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires. Pour connaître la synthèse du PPE, c’est par ici.
D’autres textes formalisent cette nécessité de changement, comme la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, la loi énergie climat et la loi climat et résilience. Tous abordent des thèmes qui se complètent et qui identifient les différents chantiers à entreprendre pour viser une neutralité carbone au plus tôt.
Comprendre la synthèse du 6ème rapport du GIEC facilement