La demande en électricité ne cesse d’augmenter en France et dans le monde. Le développement des véhicules électriques et des solutions de chauffage ne dépendant pas d’énergies fossiles, telle que la pompe à chaleur, sont autant de nouveaux usages qui ont besoin d’être alimentés, et dont l’usage va se multiplier dans les années à venir.
Dans ce contexte, l’éolien apparait comme un levier puissant pour répondre aux enjeux énergétiques et climatiques de demain. Alors que 2/3 de la consommation finale française dépend encore du pétrole et du gaz, il est indispensable d’implanter durablement et massivement des unités de production d’énergies renouvelables (EnR), dont l’éolien fait partie.
Quelle est la place de l’éolien aujourd’hui en France ?
L’éolien représente actuellement 9% de l’électricité produite en 2022 (source RTE). Elle est la seconde source d’électricité renouvelables la plus utilisée, après l’hydraulique et avant le solaire. Le thermique fossile représente quant à lui 11% du mix énergétique français.
La France a la chance d’être un pays venteux (chance qui semble relative quand on habite à Arles et qu’il fait du mistral depuis 5 jours, mais soyons pragmatiques). Le pays représente le premier gisement européen pour l’éolien terrestre, et le second pour l’éolien offshore (après les îles britanniques, qui sont géographiquement en Europe). Les régions les plus dotées en éolien sont actuellement les Hauts de France, le Grand Est et l’Occitanie.
Quand elle fonctionne, une éolienne de 3 MW assure la consommation d’électricité de quelque 1500 foyers (appareils + chauffage). L’enjeu est donc de taille pour donner accès à une électricité propre.
En 2020, ce sont 22 millions de tonnes de CO2 qui ont été évités grâce à la production éolienne. Cette énergie a donc aussi toute sa place dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Avec un déploiement suffisant, l’éolien pourrait devenir la première énergie verte d’ici 2050, permettant de produire plus de 80% de l’électricité renouvelable en France.
C’est aussi un secteur d’avenir, puisqu’il emploie aujourd’hui près de 22 000 personnes (en 2020) ; et que la place de l’éolien d’ici 2030 devrait représenter plus de 20% de notre production d’électricité.
Néanmoins à l’heure actuelle, la France (20,7 GW) reste bien derrière l’Allemagne (66,2 GW) et l’Espagne (29 GW) dans la production d’électricité à partir d’énergie éolienne. Pour parler en pourcentage, l’Allemagne a produit 23% de son électricité grâce à l’éolien en 2021, et nous 7%.
Pourquoi la France est en retard dans le développement de l'éolien ?
Si l’énergie éolienne est indispensable à la transition énergétique et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, comment se fait-il que leur implantation ne soit pas plus importante dans l’Hexagone ?
D’un point de vue purement théorique, la France pourrait prétendre à l’implantation totale d’une puissance de 80 GW répartie sur 10 000 km2 un peu partout sur le territoire métropolitain.
Or en 2022, le taux de consommation volontaire d’électricité verte en France est de 14,17% tandis que la moyenne européenne est située à 32,30%. Les ambitions françaises en matière d’électricité renouvelable font face à une réalité un peu plus morose.
La France fait figure de mauvaise élève, notamment au niveau de l’éolien en mer (off-shore). Un seul parc est actuellement actif, celui de St Nazaire, et bien que quelques autres soit en projet plus ou moins aboutis, nous sommes bien derrière nos voisins européens, comme le Danemark, les Pays-Bas ou encore l’Allemagne. Le territoire s’est pourtant promis d’atteindre 27% d’énergie éolienne d’ici 2030.
Evidemment, l’exécutif français est en partie responsable de ce retard. Depuis des dizaines d’années, la politique énergétique s’articule autour du nucléaire. Cette énergie est décarbonée (elle n’émet pas de CO2) mais n’est pas renouvelable. La logique est la suivante : puisque nous sommes capables de produire en quantité une électricité moins chère que la moyenne, qui n’émet pas de gaz à effet de serre, la volonté de pluraliser les sources de production peut sembler secondaire.
L’aspect réglementaire n’est pas non plus à négliger. Le processus à respecter pour déployer un parc éolien est long et contraignant. Les cinq étapes principales d’un projet éolien sont :
• L’identification d’une zone avec un potentiel
• Le développement du projet et analyse des impacts
• Demande de l’autorisation environnementale unique
• Préparation du chantier
• Construction et mis en service du parc
La durée totale d’un projet est actuellement située entre 4 et 10 ans, ce qui est énorme par rapport aux besoins de développement. Une directive européenne datant de 2018 fixe à 24 mois la délivrance des autorisations nécessaires à l’installation d’un parc EnR. Dans les faits, ces délais ne sont jamais respectés et peuvent être dans certains cas, jusqu’à cinq fois supérieurs.
En mai 2022, la Commission Européenne a proposé que chaque Etat membre identifie sur son territoire des zones propices au développement du renouvelable. Cette volonté a pour but d’accélérer significativement les délais de construction et de déploiement.
A l’échelle européenne toujours, le renforcement d’un plan de développement de l’éolien est plus précisément dans les tuyaux. Il prévoit notamment d’améliorer l’accès au financement grâce à un fonds d’investissement dédié ou encore de raccourcir les délais.
La France ne fait donc pas figure de mouton noir en ce qui concerne les retards, mais plutôt en ce qui concerne les quantités livrées. La dichotomie entre renouvelable et nucléaire y est peut-être pour quelque chose, alors que les deux énergies peuvent se compléter sans s’opposer, dans le but commun de faire sortir la France des énergies fossiles.