Un PPA (Power Purchase Agreement) – ou contrat de gré à gré - est un accord de vente directe d’électricité, notamment renouvelable, entre un producteur et un client (ou offtaker). Au lieu d’acheter l’électricité sur un marché, le PPA permet de s’assurer sans intermédiaire, que l’électricité consommée est produite grâce à une énergie précise.
Les avantages de cette pratique sont multiples, tant du côté du producteur, que de celui du client :
Lorsqu’un un PPA est signé, le prix de l’électricité pour le client est déterminé pour une durée précise, souvent longue. Même si cette dernière peut techniquement varier de quelques mois à plusieurs dizaines d’années, les PPA sont en général contractés sur une période située entre 10 et 25 ans. Cela permet de minimiser les risques quant aux évolutions éventuelles du prix de l’électricité et de sa volatilité sur le marché. Le client a aussi l’avantage de participer au développement des énergies renouvelables dans le pays où il est implanté.
Pour le producteur, le PPA permet d’assurer une rente sur sa production et amortir durablement tout en sécurisant son investissement initial.
Le maitre mot est donc la visibilité sur le long terme.
Les PPA sont en général signés entre le producteur d’une unité de production d’énergie renouvelable (EnR) et un client qui consomme de grosses quantités d’électricité, que l’on peut qualifier d’électro-intensif. Ce type d’accord permet de savoir sur le long terme, combien va lui coûter sa consommation d’électricité. Par exemple, lorsqu’on est une industrie qui consomme énormément – comme Amazon ou Renault, c’est vraiment se sortir une épine du pied que de pouvoir prévoir les dépenses d’énergie à l’avance.
Il existe aujourd’hui 6 sources d’énergie pouvant donner lieu à un PPA : l’éolien, le solaire, l’hydraulique, la géothermie, la biomasse et le nucléaire.
Il existe deux types de PPA différents :
- Le Greenfield, où l’unité de production est construite pour satisfaire une demande de PPA
- Le Brownfield, où l’unité de production est déjà construite et cherche un nouveau contractant. Le Greenfield est plus vertueux puisqu’il permet un peu plus le développement des énergies renouvelables.
L’idée du PPA est de se soustraire aux fluctuations du marché en achetant et en sécurisant en direct tout en développant les énergies renouvelables et ainsi réduire les émissions de CO2. En effet, pour une entreprise c’est un bon moyen pour décarboner sa consommation électrique tout en donnant l’image positive d’être acteur de la transition énergétique. Certains pays européens exigent même que les industries assurent une partie de leur consommation grâce aux EnR, et donc de se tourner vers les PPA.
L’intérêt supplémentaire de ce procédé est qu’en général, sont négociés en même temps que le contrat et les prix, les Garanties d’Origine ainsi que les Certificats de Capacité.
Comment s’organisent les PPA en Europe ?
Les Power Purchase Agreements PPA sont monnaie courante en Europe et plus particulièrement en Union Européenne.
nombre de PPA signés en Europe entre 2019 et le deuxième trimestre 2020
Les Pays-Bas ont investi dès 2013 dans le développement des PPA. Les énergies renouvelables constituent à peu près 30% du mix énergétique hollandais, dont le mix résiduel reste donc très carboné. Les PPA sont donc un moyen efficace de miser sur les énergies propres.
La Norvège est une actrice de la décarbonation : en effet, le mix énergétique du pays est à 98% composé d’EnR, dont 92% d’hydraulique. Cependant, le pays peut se retrouver dans une situation délicate en cas de sécheresse et obligé d’importé à prix d’or de l’électricité. Afin de se prémunir de cette potentielle volatilité des prix, les PPA sont une bonne solution pour rassurer les entreprises et industries implantées dans le pays.
Le Royaume-Uni a suivi la dynamique à partir de 2018, lorsque les prix de l’électricité ont fortement augmenté. Le mix énergétique britannique est carboné à 43%, notamment à cause du gaz. Le pays souhaite atteindre un mix 100% décarboné d’ici 2035.
En dehors de l’Europe du Nord, c’est l’Espagne qui tire son épingle du jeu. Depuis 2018, le royaume représente la plus grosse capacité de PPA en Europe, principalement grâce au solaire. Plus de 29GW ont été signés entre 2018 et 2021. L’ambition du pays est d’atteindre le 100% renouvelable d’ici 2050.
Là-bas, l’Etat oblige les entreprises dites électro-intensives d’avoir au moins 10% de leur consommation sous PPA renouvelable.
Le point commun entre tous ces pays, c’est le fait d’avoir mis en place des mécanismes de soutien public qui favorisent les PPA, ce qui n’est pas vraiment le cas en France.
Quelle est la situation des Power Purchase Agreements en France ?
En France, en matière de PPA, on est en retard, comme d’habitude en ce qui concerne les énergies renouvelables.
Le faible développement des PPA en France s’explique en partie par le fait que notre mix résiduel est peu carboné. Il ne semble donc pas évident de fournir des efforts en la matière. Néanmoins, la crise actuelle et l’objectif du Fit for 55 rebattent les cartes.
Aussi, si les premiers PPA français se développent depuis 2019, ils s’accélèrent depuis 2022.
La France a un autre problème, et pas des moindres. Souvenez-vous, un des intérêts du PPA et de pouvoir tracer les GO en direct entre le producteur et le client. En France pourtant, les GO sont décorrélés de la production d’un site d’EnR, pour être récupérées par l’Etat et revendues aux enchères. Cela oblige donc normalement les offtakers à racheter les GO sur le marché dédié, alors qu’un contrat a été signé et qu’ils sont propriétaires de l’électricité produite sur le site en question.
La France exporte ses GO sur le marché européen. Ce mécanisme est bien entendu légal et encadré. De la même manière qu’il est possible de se procurer par exemple des GO solaire espagnoles en France, il est envisageable d’acheter des GO d’éolien français alors qu’on est un autre pays. Cependant, cela n’encourage pas les investissements dans les EnR en France. Si au contraire, les PPA et les GO étaient joints comme dans les autres pays d’Europe, et que la consommation d’EnR était encouragée voire obligatoire pour les électro-intensifs, l’on verrait probablement beaucoup plus d’unités de production d’EnR sur le territoire.
Notons quand même que malgré ce décalage, le pays a néanmoins signé le plus gros PPA d’Europe entre Voltalia et Renault sur 15 ans pour une production de 550 GW par an.
Aux Pays-Bas par exemple, l’entreprise nationale de transport ferroviaire a conclu un PPA de 1,2TWh/an. On peut imaginer la dynamique qui en découlerait si la SNCF faisait de même de son côté.
Proposer des subventions pour les entreprises investissant dans les PPA participe au développement des énergies renouvelables, tout en faisant porter le poids de ces investissements par les grandes entreprises. C’est donc un système vertueux.
Le saviez-vous ? Un fournisseur peut également signer un PPA pour garantir un prix à ses clients : c’est le cas de Mint ! Mint Energie a signé plusieurs PPA avec Kallista Energy qui gère des parcs éoliens, et avec Apex Energies pour le solaire.