Le repowering est un procédé qui consiste à remplacer tout ou partie d’une installation produisant de l’énergie pour la rendre plus performante.
En effet, les coûts d’exploitation et de maintenance ont tendance à s’accroitre à mesure qu’une unité de production vieillit : elle perd en productivité alors que son entretien devient plus cher. Il faut donc une solution pour que les exploitants rentrent dans leurs frais.
Le repowering est une pratique constatée notamment dans l’éolien, où les progrès techniques et technologiques ont bondi ces dernières années. En l’espace d’une décennie, une éolienne dont la puissance nominale pouvait atteindre 500 KW avoisine désormais les 3 GW (pour l’éolien terrestre), soit six fois plus, ce qui est considérable.
Néanmoins, le repowering existe également pour d’autres énergies : une centrale à charbon qui se transforme en centrale à gaz ou à biomasse pour être plus productive et produire un peu moins de CO2 par exemple ; ou encore pour un parc solaire, où là aussi les technologies sont plus performantes qu’auparavant.
L’exemple du repowering éolien
L’espérance de vie moyenne d’un parc éolien est estimé entre 15 et 25 ans, ce qui correspond à sa durée contractuelle initiale, soit dans le cadre d’un Power Purchase Agreement (PPA), soit dans le cadre d’une obligation d’achat (à l’instar d’EDF OA).
Passé ce délai, trois options sont donc possibles, en fonction de la configuration du parc :
- Prolonger sa durée de vie de 3 à 5 ans en vendant sa production à un autre acteur du marché
- Mettre en place un repowering
- Démanteler complètement l’installation
En plus du repowering, il existe deux autres procédés de réutilisation : le retrofit qui consiste à remplacer un composant de la structure - comme les pâles ; et le revamping, qui a pour but de réaménager le parc, soit par sa puissance, soit par sa dimension par exemple.
Les évolutions techniques récentes des éoliennes sont nombreuses, et permettent de meilleures performances. Les pâles par exemple sont désormais plus grandes et ne sont plus plates. Leur forme un peu ondulée leur permet de mieux capter le vent et de produire plus, même si les conditions météo ne sont pas complètement idéales.
La capacité de production des éoliennes a augmenté de 200% en 15 ans. Le taux de charge à lui aussi évolué à la hausse. Quand une ancienne génération permettait un taux aux alentours de 20%, il est désormais de 30% avec les nouvelles générations. Si la notion de taux de charge ne vous dit rien, n’hésitez pas à consulter notre article sur l’énergie éolienne.
Quels sont les cas de repowering en Europe et en France ?
Le repowering est une pratique constatée aussi bien en France que dans le reste de l’Europe. Des projets d’ampleur sont notamment portés dans les pays du nord, où les parcs éoliens sont nombreux.
Un des premiers projets d’envergure de repowering concernait le Danemark, avec le parc Klim. En 2015, 35 éoliennes ont été remplacées pour atteindre une puissance totale de 70,4MW, soit la plus grosse du pays.
L’un des plus grands projets de repowering européen est en cours en Allemagne. Il s’agit du parc d’Elster, dans l’est du pays en Saxe-Anhalt. Le projet vise à remplacer 50 éoliennes par 16 nouveaux mâts beaucoup plus puissants, dont le rendement sera six fois supérieur au précédent. La production atteindra ainsi 235GWh/an, ce qui correspond à la consommation de près de 70 000 foyers.
En France, l’Aude, l’Ardèche, la Somme et la Seine Maritime entre autres, ont des parcs éolien pour lesquels le repowering est en cours ou se projette.
Le repowering est-il sans conséquences ?
L’intérêt du repowering est multiple. Comme la structure du parc est déjà présente, les coûts à envisager sont moindres ; les délais sont globalement plus rapides et moins contraignants que pour les parcs construits ex-nihilo et l’opinion publique est plus favorable au projet.
Il existe néanmoins un problème a tous ces progrès techniques. En effet, si la capacité d’un parc éolien double, le raccordement doit être modifié pour des raisons de sécurité. Il faut donc dans ce cas que le gestionnaire du réseau Enedis intervienne.
Par ailleurs, si les caractéristiques changent trop d’un parc de première génération à sa nouvelle version au niveau de la hauteur, du nombres de mâts, etc. il est nécessaire d’obtenir de nouvelles autorisations. On sait que cela peut être un frein dans les projets de repowering, car l’idée de départ est de se soustraire autant que possible à la complexité des démarches et des délais de livraison habituels. Les délais administratifs sont effectivement ce qui ralentissent pour partie les projets ex-nihilo ; ce serait dommage qu’ils bloquent aussi ceux de repowering.
Comment s’organise la gestion des déchets et le recyclage dans le cadre d’un repowering ?
Le repowering nécessite de penser à l’après d’un parc, plus particulièrement à la fin de vie des composants. Le recyclage ou le réemploi des éléments qui ne peuvent être recyclés font partie de la réflexion indispensable au processus de repowering.
Le repowering crée beaucoup de déchets, car les structures à changer sont énormes. Néanmoins, la majorité des éléments sont recyclables : le béton, l’acier… Restent les pâles qui étaient fabriquées auparavant dans les mêmes matériaux que les coques de bateau, en fibres de verre entre autres. Pour ces éléments, une réutilisation ou la transformation en énergie sont des solutions viables.
Quant aux nouvelles génération d’éoliennes, la recyclabilité lors de la structure est étudiée et on s’assure désormais de 98% des composants soient recyclables.
Le parc de Souleilla-Corbières dans l’Aude est un exemple en la matière. La croissance de production s’est vue augmenter de 20% après le repowering sans avoir eu à modifier la structure du parc.
99,4% des anciennes installations du parc de Souleilla-Corbières ont pu être recyclés ou réemployés, dont 80% à moins de 100km du site. Une vraie bonne nouvelle !
Le repowering pourrait bien être un levier participant aux objectifs fixés par la France en matière d’EnR, en retard par rapport à ses voisins européens.