En 2007, les marchés français d’électricité et du gaz se sont ouverts à la concurrence pour les particuliers. Les consommateurs sont donc libres depuis cette date de choisir leur fournisseur, historique ou alternatif.
Afin de faire bénéficier tous les clients, quel que soit leur fournisseur, d’un prix régulé de l’électricité nucléaire produite par EDF, un mécanisme a été mis en place : celui de l’Accès Régulé à l’Energie Nucléaire Historique : l’ARENH.
L’ARENH assure qu’une partie de la production nucléaire produite par EDF – financée à l’échelle nationale – soit accessible par tous à un prix juste permettant de couvrir les coûts d’EDF.
Afin d’assurer la transition entre le monopole historique et la libéralisation du marché, le mécanisme de l’ARENH a été mis en place pour une durée préétablie de quinze ans, à partir de 2010. Aujourd’hui, fin 2025, nous arrivons donc à son terme.
Quel va être le futur de l’ARENH et surtout, que va-t-il se passer à partir de 2026 pour les consommateurs d’électricité en France ?
C’est quoi l’ARENH et pourquoi ça disparait ?
L’ARENH a permis pendant quinze ans aux fournisseurs dits « alternatifs » de bénéficier d’un droit de tirage de volumes nucléaires à un prix régulé. L’enveloppe totale proposée était de 100 TWh par an à 42€ le MWh. Cela a permis une concurrence non faussée avec un accès transparent à la compétitivité du parc nucléaire, financé depuis les années 1950 par tous les contribuables français.
Cela a également servi à protéger un peu les consommateurs finaux des fluctuations de marché, notamment à l’occasion de la crise de l’énergie de 2022 puisque les prix de vente intégraient une quote-part d’ARENH.
Néanmoins le mécanisme a été vivement critiqué et ne sera pas étendu au-delà du 31 décembre 2025.
Quel avenir du marché de l’électricité avec le VNU ?
A partir du 1er janvier 2026 le Versement Nucléaire Universel (VNU) va succéder à l’ARENH.
Le mécanisme post-ARENH du VNU a selon les pouvoirs publics la même vocation que son prédécesseur. Celui permettre aux consommateurs de bénéficier d’une électricité au prix juste, à travers la compétitivité du parc nucléaire historique financé par le contribuable.
Il ne sera désormais plus question de volume ni de prix régulé vendu aux fournisseurs. C’est la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) qui va chaque année estimer les revenus que le nucléaire va générer pour EDF en plusieurs temps (douze mois, six mois, puis tous les mois à partir d’octobre pour l’année suivante). Ces revenus estimés seront le résultat des quatre catégories suivantes :
Les revenus sécurisés
C’est la somme des ventes déjà conclues et enregistrées dans la comptabilité au moment de la date du calcul.
Les contrats long terme
Ce sont les montants relatifs aux contrats en vigueur à la date de calcul estimés par EDF.
La production pas encore vendue
C’est la prévision de la CRE du volume qui reste une fois retirés les deux points précédents. Le calcul s’établit sur des tendances de marché, la volatilité éventuelle des prix et les volumes disponibles.
La valeur de forme
C’est une sorte de prime liée à la capacité du parc nucléaire à vendre sa production plus chère à certaines heures.
Selon ces composants, les premières estimations de la CRE évaluent pour 2026 le prix du MWh aux alentours de 60,30€, pour une production d’environ 360TWh, soit 23,79 milliard d’euros.
Cette méthodologie a l’air de prime abord sensiblement plus complexe que l’ARENH. Les autorités affirment qu’elle pourra être revue et des évolutions apportées selon les retours qui seront faits suite aux premières expériences in situ. Dans les faits certaines limites semblent déjà perceptibles : les montants remboursés aux consommateurs seront avancés par les fournisseurs. Pour un petit alternatif avec un parc d’un volume total d’1 TWh, cela peut représenter jusqu’à 10 millions d’euros, une somme très importante dans une trésorerie.
Comment va être calculé le VNU pour l’électricité à partir de 2026 ?
L’ARENH était un guichet qui permettait aux fournisseurs d’acheter une partie de leurs volumes d’électricité à un prix compétitif pour pouvoir proposer des offres attractives.
Le VNU suit quant à lui une toute autre logique. Les tarifs de l’électricité seront désormais uniquement fixés sur les marchés de gros. Cette dynamique entrainera, selon plusieurs critères, peut-être davantage de volatilités de prix.
Si les revenus du nucléaire historique d’EDF dépassent deux seuils fixés par l’État, leur excédent sera taxé. La part au-dessus du premier seuil est prélevée à 50 %, et celle au-dessus du second à 90 %. Le produit de cette taxe sera par la suite redistribuée aux consommateurs, via leur fournisseur, directement sur leur facture. Pour être parfaitement précis, RTE collecte la taxe et rembourse les fournisseurs pour financer cette réduction sur facture, a posteriori de l’avance par lesdits fournisseurs.
Deux seuils de taxation sont prévus :
- Le seuil de taxation
- Le seuil d’écrêtement
Ces seuils sont construits à partir des coûts complets évalués par la CRE, augmentés d’une marge fixée par l’État.
Une fois les seuils connus, voilà comment vont se passer la taxation progressive :
- Si les revenus sont en dessous du premier seuil : pas de taxe, donc pas de VNU. Cela veut dire que les prix constatés sont à ce point accessibles que la redistribution n’est pas nécessaire.
- Si les revenus sont contenus entre le premier et le deuxième seuil : la part au-delà du premier seuil sera prélevé à hauteur de 50%, pour être redistribuée.
- Si les revenus sont supérieurs au second seuil : la part au-dessus du second seuil est prélevée à hauteur de 90%, dans le même but de redistribution.
De fait, plus les revenus seront supérieurs à ceux définis par les pouvoirs publics, plus l’Etat récupérera une part importante pour la rendre aux clients finaux.
Cette redistribution sera rendue visible sous forme de minoration sur la facture (en €/MWh). Ce tarif sera le même pour tous les profils et quel que soit le fournisseur.
Que retenir du VNU, le mécanisme qui va remplacer l’ARENH ?
Voici les principaux points à retenir concernant le VNU et la fin de l’ARENH :
- Le VNU va être mis en place à partir de 2026 pour remplacer l’ARENH, mécanisme qui prend fin au 31 décembre 2025.
- La CRE estimera chaque année combien va rapporter l’électricité issue des centrales nucléaires d’EDF.
- Des seuils seront fixés par l’Etat pour encadrer les prix. Si EDF génère des revenus supérieurs à ces seuils, deux paliers de taxes seront mis en place.
- Le montant des taxes récupérées sera redistribué sous forme de minoration sur la facture, quel que soit le fournisseur.
- Au vu des premières estimations de revenus autour de 60,30 €/MWh, la CRE juge peu probable que les revenus dépassent les seuils qui seront fixés par l’État et que donc, le VNU soit appliqué en 2026. Cela veut dire que les revenus générés par la vente de l’électricité sur les marchés ne devraient pas globalement dépasser ces montants. Le VNU sera alors égal à 0.
FAQ pratique sur le Versement Nucléaire Universel
Le VNU va-t-il forcément faire baisser ma facture ?
Non, pas forcément.
Si, pour une année donnée, les revenus du parc nucléaire historique d’EDF dépassent les seuils fixés par l’État, une partie de ces revenus est prélevée via une taxe. Le montant récolté est ensuite redistribué, ce qui se traduit par une réduction sur la facture d’électricité.
Si les prix sont inférieurs au montant fixés par les pouvoirs publics, il ne se passe rien.
Comment le VNU apparaît sur la facture ?
Si un VNU est appliqué, il apparaîtra comme une ligne de déduction sur la facture, sous la forme d’une minoration en €/MWh.
- Cette minoration est identique pour tous les clients, quel que soit leur fournisseur ou leur offre.
- Elle ne peut être que positive pour le client : si le VNU est nul, il n’y a simplement pas de ligne de réduction.
- Concrètement, votre fournisseur applique cette baisse automatiquement, puis est compensé via le produit de la taxe (collectée et redistribuée par le système électrique, notamment via RTE).
Pourquoi le VNU pourrait être nul en 2026 ?
La CRE a publié de premières estimations des revenus du nucléaire pour 2026 autour de 60,30 €/MWh.
Au vu de ce niveau, la CRE juge peu probable que ces revenus dépassent les seuils qui seront fixés par l’État pour déclencher la taxe.
Si ces seuils ne sont pas dépassés, la taxe est nulle, donc le VNU ne serait pas appliqué en 2026.
Est-ce que le VNU dépend de mon fournisseur ou de mon contrat ?
Non. Si un VNU est appliqué pour une année donnée, la minoration est la même pour tout le monde, quel que soit :
- votre fournisseur (historique ou alternatif),
- votre offre (prix fixe, indexée, TRV, etc.),
- votre profil de consommation.
Le VNU est une redistribution universelle : il s’applique automatiquement sur la facture via votre fournisseur, sans être lié à votre contrat.
Qui décide du montant du VNU chaque année ?
Le processus est le suivant :
- La CRE estime les revenus du nucléaire historique d’EDF pour l’année à venir (puis actualise ces estimations).
- L’État fixe les deux seuils de déclenchement (seuil de taxation et seuil d’écrêtement), pour une période de 3 ans.
- Si les revenus dépassent ces seuils, une taxe est calculée (50% puis 90%).
- Le tarif de minoration VNU correspondant est ensuite validé et appliqué l’année suivante sur les factures.
En résumé : la CRE calcule et propose, l’État décide des seuils et valide l’application.

