Inondation, mégafeu, coulée de boue, sécheresse… Synopsis de film catastrophe ou journée normale sur Terre en 2023 ? Le changement climatique est devenu une réalité en plus d’une évidence scientifiquement prouvée. Tout le monde a l’air d’être au courant ou presque, sauf certains gouvernements. Balayer la poussière sous le tapis pourquoi pas, mais il arrive toujours un moment où on s’embronche dedans et on finit au sol. Pour la planète c’est pareil, enfin surtout pour celleux qui la peuplent.
Cet article est loin d’être exhaustif mais présente les grands lignes des documents d’alerte et des conséquence liées au changement climatique.
Avec toutes les données et les études qui ont été menées au cours des décennies précédentes (et encore actuellement), on sait maintenant calculer le nombre d’événements naturels d’ampleur dus au changement climatique, et leurs conséquences humaines et financières sur les sociétés. Sans vouloir divulgâcher, ça coûte un peu cher.
Peut-on différencier une catastrophe d’une catastrophe due au changement climatique ?
Le changement climatique a entrainé la répétition de phénomènes naturels extrêmes, comme les inondations (les sols n’absorbent plus avec la même facilité les quantités d’eau de pluie qui tombent en temps normal, parce que les précipitations sont plus rares) et les épisodes de sècheresse bien sûr, qui peuvent entrainer à leur tour des feux d’envergures.
Les cycles liés à ces événements se rapprochent, s’intensifient et sortent des modèles jusqu’ici constatés. C’est le rapprochement de ces manifestations qui impliquent le rôle du changement climatique. (Oui mais c’est normal qu’il fasse chaud en été… Gneugneugneu… Chut !)
A-t-on déjà estimé les coûts entrainés par l’inaction face aux changements climatiques ?
La réponse est claire : oui, ce ne sont pas les documents qui manquent (serait-ce alors la volonté politique ? Le mystère reste entier. On sait déjà qu’il vaut mieux planter un arbre en 6ème plutôt que de rationaliser ses déplacements en avion, ça donne un indice).
Le rapport Stern qui date de 2006, est le premier document qui évalue l’impact économique des changement tendanciels du climat. Jusqu’alors c’étaient en général les climatologues qui tiraient la sonnette d’alarme, tant qu’ils ont fini plus d’une fois par la casser sans provoquer la moindre réaction de la part des pouvoirs publics. Cette fois c’est (théoriquement) différent. Nicolas Stern est un économiste. C’est la première fois qu’on concrétise les impacts financiers sur le PIB des conséquences de la négligence écologique. Alors bon, le rapport date du début des années 2000 et nous sommes dans la situation que nous connaissons. Donc le résultat n’a pas provoqué d’épiphanie. Mais quand même, faisons le point.
D’abord, le coût de l’inaction dépasse celui de la prévention, un peu comme pour tous les sujets. Le coût de la prévention a été évalué par Stern à à peu près 1% du PIB, quand celui de l’inaction oscille entre 5 et 20%, en fonction du degré d’inaction. Eh oui Jamie, plus les gouvernements rechignent, plus les coûts seront importants.
Plus récemment, les économistes évaluent à 1700 milliards par an le coût de l’inaction climatique au niveau mondial. Si rien n’est fait, il sera de 30 000 milliards par an à l’orée 2075. Une bonne journée à vous 😊
En France, le rapport Quinet établit une valeur tutélaire du carbone, qui évolue avec les années, en étant réévalué à la hausse au fur et à mesure que le temps avance. Alors que la tonne de carbone est estimée à 250€ en 2030, elle le sera à 775€ d’ici 2050.
Comment dénoncer l’inaction climatique ?
La bonne nouvelle, c’est que le conseil des droits de l’homme de l’ONU a reconnu le droit à un environnement propre et sain pour tous·tes. La mauvaise, c’est que dans les faits, bien souvent, ça n’est pas le cas. On peut donc dénoncer ces atteintes au droit. Et ça fonctionne plutôt pas mal, enfin surtout pour la partie accusation ; pour les résolutions et les condamnations c’est un peu plus complexe.
En 5 ans, on constate une multiplication par 2,5 du nombre de procédures pour dénoncer l’inaction climatique, ce qui représente 2180 recours à travers le monde. A peu près 70% de ces recours sont des cas intervenant aux Etats-Unis ; 22 concernent la France.
Ces augmentations des plaintes sont largement dues aux actes d’entreprises privées, qui sont pointées du doigt pour leurs activités économiques, qui participent au réchauffement climatique.
Quid de la France ?
Plusieurs ONG avaient attaqué l’Etat français pour dénoncer son inaction climatique. En 2021, la justice leur donne raison. Ce qu’on appelle ‘‘l’affaire du siècle’’ reconnait officiellement les négligences délibérées du gouvernement français quant à sa lutte contre le réchauffement climatique. Le jugement reste néanmoins symbolique et ne contraint pas financièrement l’Etat. En 2023, les mêmes ONG réclament une astreinte de plus d’un milliard d’euros, représentant le retard pris depuis le jugement de 2021, en se basant sur le rapport Quinet justement.
Nous avons aussi notre lot de conséquences déjà visibles du réchauffement climatique, et de notre flegme par rapport à l’urgence. Les sècheresses successives depuis 2022 sont par exemple les conséquences directes du réchauffement climatique.
Dès 2012, le projet Explore 2070 estime que pour l’eau en agriculture par exemple, sans action sérieuse, le déficit entre l’offre et la demande sera de 23% d’ici 2030 : c’est-à-dire que presque un quart des agriculteurs n’auront pas suffisamment accès à l’eau. En forêt : moins d’eau et des températures plus chaudes font se développer de nouvelles maladies (+50% ces dernières années).
D’ici 2100, entre 5000 et 50 000 logements risquent une menace due à l’érosion. On estime ce coût à 8 milliards. Par ailleurs, la sécheresse rend dangereux certaines habitations construites sur des sols argileux avec une hausse de 59% des sinistres depuis la période 1989-2019.
Le réchauffement climatique touche tous les secteurs et toutes les échelle sans distinction. L’énergie n’est pas épargnée. La baisse des cours d’eau aura un impact sur les centrales hydrauliques évidemment, mais également sur les centrales nucléaires à cause des besoins en refroidissement des réacteurs. A l’heure où le projet est la construction de 6 EPR d’ici 2050, il faudra sans doute réapprécier et redéfinir le rôle de l’eau dans ces chantiers.
Les faits sont là et le constat est, on peut le dire, alarmant. Les actions citoyennes, si elles sont louables et remarquables, ne pourront jamais suffire sans actions concrètes de la part des gouvernements et de politiques environnementales fortes. La sixième limite de la planète vient d’être dépassée (il s’agit de la disponibilité de l’eau douce) à cause de l’exploitation humaine. A savoir si on continue comme ça l’année prochaine ou si on réfléchit à préserver ce qu’il nous reste.