Le dernier sommet du G20 s’est tenu en Inde les 9 et 10 septembre. Sa résolution s’est avérée mitigée. Étonnant. Créé en 1999, ce groupe intergouvernemental mondial discute et statue sur des sujets globaux faisant échos et pouvant entrainer des répercussions sur le monde entier.
Pour rappel, le G20 est le forum international qui réunit les grandes économies du monde. Les pays membres du G20 représentent 60% de la population mondiale, 75% du commerce international et 80% du PIB mondial. Comme souvent, si c’est l’aspect économique qui prime, il est malheureusement probable que cela se ressente dans les décisions finales. Cette édition n’a pas dérogé à la règle.
Au vu des résultats, sanns réelle entente commune, n'aurait-il pas mieux fallu organiser le forum via Zoom pour économiser les émissions de CO2 des jets des représentants des gouvernements ?
Sur la guerre en Ukraine
Le contexte est complexe, reconnaissons-le. La Russie fait partie du G20, mais elle est également au centre d’une guerre qu’elle a déclenché. A ce sujet, son président a été reconnu de crime de guerre par la Cour Pénale Internationale pour avoir déporté des enfants ukrainiens. Dans les faits, il n’est pas sûr que cela interfère avec sib idéologie, mais toujours est-il que la situation diplomatique n’est pas au beau fixe. C’est d’ailleurs le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov qui s’est présenté à New Dehli.
Même si les 20 ont condamné généralement ‘‘le recours de la force à des fins de conquête territoriale’’, ils n'ont pas réussi à faire adopter une déclaration commune pour dénoncer directement l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Sur le climat
Rassurez-vous, le bilan sur le climat est à l’image de ce G20 sans avancée majeure. Rien de précis n’a donc été décidé sur le climat. Et même si le rapprochement des épisodes climatiques extrêmes commence à entraîner des conséquences sur le PIB, la prise de conscience semble encore tâtonnante.
Sur la sortie des pays du G20 du charbon, les résultats sont insuffisants (surtout si on aime les euphémismes). Le fait qu’encore une bonne partie des participants utilisent cette énergie fossile n’est peut-être pas qu’une coïncidence. En effet, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Allemagne, le Japon, la Russie, l’Indonésie, la Turquie, la Corée du sud, l’Australie et bien-sûr les Etats-Unis dépendent encore beaucoup trop du charbon.
La dépendance au gaz est quant à elle encore plus prégnante et globale. Il n’en a cependant pas été fait mention.
C’est globalement un mauvais signal qui a été lancé avant la COP 28 qui se tiendra le 30 novembre prochain.
On fait finalement face à un paradoxe qui devient problématique : tout le monde s’accorde à déplorer l’état actuel de la planète sans pour autant vouloir agir fermement pour changer à la situation.
Le responsable de la crise climatique pointe du doigt le responsable de la crise climatique. Huile sur toile.
Un point positif émerge cependant, celui de l’intégration de l’Union Africaine dans les discussions mondiales. Cela pourra néanmoins peut-être s’avérer compliqué par la suite, car si les pays du Nord finissent par définir des mesures répressives concernant les énergies fossiles, les pays africains risquent de mal le prendre puisque les premiers auront pu profiter des décennies de ces leviers de développement avant de devenir vertueux.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a précisé lors de son intervention ‘‘qu'il faut maintenir l'objectif de 1,5 degré, rétablir la confiance sur la base de la justice climatique et faire progresser une transition juste et équitable vers une économie verte.’’ Il a rappelé également rappelé à toutes fins utiles que les pays du G20 étant responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, et qu'il serait relativement logique que l’exemple et les bonnes pratiques viennent d’eux.
Soulevons tout de même un progrès. Le G20 a confirmé la ‘‘poursuite et l’encouragement des efforts visant à tripler le développement des énergies renouvelables d’ici 2030’’ et ce, sans crise de spasmophilie de la part de l’Arabie Saoudite et la Russie. Ceci étant dit, c’est peut-être parce que tout cela reste bien théorique dans le discours.
Emmanuel Macron s’est lui-même dit déçu des mesures concernant le climat. On se rappellera que la France est le seul pays de l’Union Européenne à avoir échoué dans ses objectifs de développement des énergies renouvelables entre 2005 et 2020. La France reste d’ailleurs à la traine dans leur développement malgré quelques belles avancées récentes.
L’événement était censé appelé à un signal fort sur la sortie des énergies fossiles. Pas sûr que tous les participants aient vraiment reçu le mémo.